Le sexe avant les combats : bonne ou mauvaise idée ?

Le sexe diminue les performances lors des compétitions.

Combien de fois avez-vous entendu cette affirmation ou débattu dessus ?

Cette croyance semble toujours diviser la communauté des combattants. En effet, pour augmenter son taux de testostérone, Ronda Rousey a avoué avoir le plus de relations sexuelles possibles avec son compagnon avant les combats.

Au contraire, dans le documentaire “Choke” qui retrace le parcours de Rickson Gracie au Pride, on apprend que celui-ci s’abstient deux semaines avant ses combats. Pour lui, le sexe fait perdre de l’énergie vitale. Il donne l’exemple des chevaux de course qui demeurent vierges jusqu’à ce qu’ils arrêtent les compétitions. C’est seulement une fois qu’ils sont “à la retraite” qu’ils peuvent se reproduire.

Leurs affirmations sont elles fondées ? Qui a raison ? Healthy Fighter a mené l’enquête.

Le point de vue culturel

Héraclès contre Nessos
Héraclès contre Nessos

L’antiquité

Dans la Grèce antique, les athlètes étaient salués pour leur rigueur et leur dévouement. L’histoire d’Héraclès à la croisée des chemins en est l’illustration mythique. Le héros se trouvant un jour face à un carrefour, ne sait pas quel chemin emprunter. La déesse Arété apparaît et lui propose un chemin semé d’épreuves et de combats contre le mal qui le conduira à la gloire. La déesse du vice Kakia, elle, lui propose une route de plaisirs et de vices qui le mènera plus rapidement à la célébrité. Bien entendu, Héraclès choisit la route la plus difficile.

Cette discipline des athlètes grecs était en grande partie démontrée par leur abstinence sexuelle. D’autant plus que les savants de l’époque pensaient que le sperme était une source de masculinité et de force qu’il ne fallait pas épuiser.

La médecine des energies

Dans la médecine traditionnelle chinoise, la semence masculine possède une place spéciale. Cette forme de médecine considère 3 formes d’énergies : Jing, Qi et Shen. Le Jing est transporté par le sang et le sperme et est dépensé par nos activités, notamment l’acte sexuel. Or, ce serait lorsque cette énergie est trop basse que nous mourons. C’est pourquoi certaines pratiques ont émergé comme le sexe tantrique qui consiste à avoir une relation sexuelle sans évacuer de sperme ou, plus récemment, le NoFap qui réunit des hommes ayant arrêté de se masturber.

Les Jeux olympiques

Au Jeux olympiques, le nombre de préservatifs distribués aux athlètes ne cesse d’augmenter. 150 000 avaient été distribués aux JO de Londres, 450 000 à ceux de Rio et plus récemment 110 000 pour les jeux d’hiver de Pyeongchang (soit 37 préservatifs par athlète !). Les organisateurs des Jeux olympiques et les athlètes ne font-ils donc pas confiance à ces savoirs anciens ?

Le point de vue de la science

microscope

Quid de la testostérone ?

Comme vous le savez probablement, la testostérone joue un rôle particulièrement intéressant pour les combattants puisqu’elle favorise le développement musculaire et osseux et stimule la production de protéines. Elle diminue aussi la réaction au stress.  Cette hormone est sécrétée par les testicules et en moindre quantité par les ovaires. Il peut donc sembler logique que lors d’un orgasme on évacue cette précieuse hormone.

Des études se sont penchées sur la question et voici ce qu’elles en concluent :

  • La masturbation, et donc l’éjaculation, n’a pas d’influence directe sur le taux de testostérone.
  • Lors d’une abstinence de plus de 7 jours, un pic de testostérone de 145% est observé le 7 ème jour avant de revenir à la normale les jours suivant. Ce phénomène quelque peu surprenant n’a pour le moment pas trouvé d’explications.
  • Contrairement à la masturbation, les rapports sexuels avec un partenaire ont un effet sur la testostérone. Des scientifiques ont eu la dure tâche d’analyser le taux de testostérone dans la salive des participants d’une soirée libertine. Les résultats sont assez flagrant. A la fin de la soirée, les personnes qui avaient eu des rapports sexuels ont vu une hausse de leur taux de testostérone de 72% et ceux qui ont regardé de 11%. Vu que l’éjaculation n’influe pas sur le taux de testostérone, l’explication la plus probable est que les sentiments de puissance, de succès et les phéromones des femmes ont joué sur la testostérone.

Et les performances ?

Bonne nouvelle pour la gente féminine, d’après plusieurs études, l’orgasme féminin entraîne la production d’hormones qui réduisent la douleur : les endorphines. C’est la sexologue Beverly Whipple qui a découvert ce phénomène. Elle s’est aperçue qu’à la suite d’un orgasme, le seuil de détection et de tolérance de la douleur augmentait respectivement de 106,7% et de 74,6%. Après le sexe, le corps d’une femme serait donc plus résistant à l’effort. Ronda Rousey l’a parfaitement compris, peut-être que cela a participé à son grand succès.

Une étude s’est attachée à comparer la puissance aérobique maximale et le pouls de personnes ayant eu une activité sexuelle 12h avant le test à ceux qui étaient restés chastes. Elle conclut que le rapport sexuel n’a eu aucune influence sur les performances.

Une autre, publiée dans le Journal of sports medecine and physical fitness, a prouvé qu’une relation sexuelle trop proche de l’activité sportive (environ 2 heures avant) peut altérer la récupération. Les performances restaient inchangées, mais la fréquence des battements cardiaques était plus élevée chez les athlètes lors des différents tests d’effort.

Au final, les résultats de ces deux expériences montrent que les variations du taux de testostérone liées à l’activité sexuelle n’ont pas de réelle influence sur les performances. On peut cependant regretter que seuls des hommes soient les objets de ces études.

En moyenne, un rapport sexuel dure 25 minutes et brûle 101 calories chez l’homme et 69 chez la femme.

D’autres chiffres  permettent de se représenter l’effort physique que représente un rapport sexuel. En moyenne, un rapport sexuel dure 25 minutes et brûle 101 calories chez l’homme et 69 chez la femme. C’est donc une activité un peu plus énergique que la marche à pied, mais moins qu’un léger jogging… donc rien d’insurmontable pour un combattant !

L’aspect psychologique

couple câlinant au lit
Photo de Toa Heftiba

Un excellent moyen de se détendre

Avant un combat, il est tout à fait légitime d’être nerveux. Cependant cette appréhension peut-être néfaste si elle obnubile les pensées et empêche le combattant de s’endormir. Le sexe est souvent une bonne réponse pour ce genre de situation, il permet de se replacer dans le moment présent et de libérer des hormones comme la prolactine, la mélatonine et l’ocytocine qui favorisent l’endormissement et le plaisir. Pensez-y la veille de vos compétitions !

L’effet coureur de jupons

Quand on est célibataire, il n’est pas forcément aisé de trouver un partenaire pour se détendre. Souvent la phase de séduction est accompagnée d’alcool, éventuellement de cigarettes et de nuits courtes de sommeil… pas l’idéal en vue d’une compétition. C’est une des principales raisons qui participe à créer cette méfiance autour du sexe chez les sportifs et particulièrement chez leurs coachs.

Des croyances plus fortes que les chiffres

L’idée que le sexe nuit aux performances est tellement ancrée dans l’esprit de certains combattants que cela devient effectivement le cas pour eux. Car le mental fait partie intégrante de la performance.

Le réel impact du sexe sur la performance est surtout lié à l’idée que l’on s’en fait.

Pour certaines personnes, la frustration liée à l’abstinence prouve les efforts qu’ils font pour atteindre leurs objectifs. Au contraire, pour d’autres, l’acte sexuel permet de booster la confiance en eux ou de les détendre dans les moments de doutes. Au final, soyez fidèles à vos convictions et à celles de votre coach, car ce n’est pas avant les compétitions qu’il convient de changer vos habitudes.

Cependant, en cette période de Saint Valentin, cette phrase tirée de l’ouvrage Le Sexe avant une compétition : mythe ou réalité ? me paraît tout à fait adaptée :

le sexe fait partie intégrante de la vie – y compris celle d’un athlète. Par conséquent, pourquoi s’en priver ?

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